lundi 3 novembre 2014

Retour sur mes 100 Miles !!!

Après 3 semaines de coupure, l'heure de la reprise a sonné mais avant je vais faire un récit de mon 100 Miles Sud de France qui est pour moi à ce jour ma course dite "référence" en ultra.



Tout d'abord petite présentation de la course, un départ de Font-Romeu pour une arrivée au bord de la mer du coté d'Argelès/mer. Une petite virée panoramique sur les balcons du célèbre Canigou. Superbe quoi, un ultra en ligne pour relier la montagne à la mer, c'est inédit !!! Le profil et les prévisions des organisateurs laissaient présager une course plutôt rapide et sans grosses difficultés outre le fait que ce soit un ultra ...

Tout commence le Vendredi 10 Octobre à 7h, nous partons ma femme et moi pour 4h ou 5h de route. Je suis un peu speed car sur le règlement de course la remise des dossard fermait à 12h. Nous en mettrons presque 5 car il y a des bouchons sur Toulouse et surtout le tunnel du Puymorens est fermé. A 11h55', nous y sommes enfin, récupération du dossard et contrôle du sac puis direction le van pour un peu de repos. Je fais un dernier briefing avec ma mimi pour les ravito et c'est déjà l'heure de se préparer.



Sur la ligne de départ, je suis un peu tendu car le plantage est interdit et dans la tête il faut que je puisse effacer mes échecs précédents. 3,2,1 le top est donné, je pars avec le groupe de tête, le rythme y est assez cool et je profite un peu du paysage. Nous passons même dans le Fort de Mont-Louis qui est le centre national d'entraînement commando.
Déjà le 1er ravito de Planès annoncé km 17 mais nous ne sommes qu'au 13 ème, des kms en moins c'est pas de chance...



Je suis 9 ème, je décide donc de laisser partir car la première difficulté est là et je veux prendre mon allure sans trop puiser parce que la route est encore très longue.
Sur ce début de parcours, un club local ( bojos de muntanya ) avait posté ses adhérents à plusieurs endroits stratégiques pour mettre une ambiance de folie autour des feux de camps dans des endroits improbables. Merci à eux.
La nuit commence à pointer son nez accompagnée d'une bonne pluie et d'un vent frais donc petit arrêt pour me couvrir et surtout pour mettre la frontale. Avec la nuit le balisage sur ce début de parcours est parfois limite, si bien que je vois revenir sur moi un coureur qui avait l'air très en forme et pour cause, c'était le futur vainqueur qui s'était perdu ...
Km 44 et 6h37' de course, première base de vie, mon assistante préférée est là, je suis aux petits soins et je me laisse guider. Elle m'échange les gourdes, me donne ce que j'ai besoin... le top quoi !!!



Je repars tout sec, bien alimenté et je donne rendez-vous à ma mimi tôt le lendemain.
La pluie a cessé, j'attaque la partie qui va contourner le Canigou par le GR 10 et 1h après le ravito j'ai un petit passage à vide. Je m'arrête, je mange un petit sandwish, je me mets la musique et repars en me posant mille questions. Je descends à la 15 ème place environ. Le temps passe, le sentier grimpe dans un pierrer assez délicat et je me retrouve avec deux coureurs avec lesquels je vais faire marche pendant un bon moment vers le refuge des Cortalets. C'est sur cette portion que je me refais la cerise, les sensations reviennent petit à petit et les paysages nocturnes sont magnifiques ??? oui, oui on voyait la côte méditerranéenne dessinée par les éclairages de villes et les orages menaçant sur l'Hérault.
A partir des Cortalets km 66, je connais le parcours car j'y suis passé en rando il y a plusieurs années. Je cours, je reviens sur des coureurs et je décide de continuer mon effort en cette fin de nuit.
Batère km 82 et 15h10 de course, mon assistante m'attend. Tout est prêt, même rituel et je repars avec elle pour quelques hectomètres car la base de vie est à 10 km. La descente est assez agréable et roulante tout le long.



Arles km 92 et 17h de course, le jour est bien levé, je me fais servir un repas complet, me fais massé les pieds avec de la nok et je change de tenue. Tout ça réalisé avec l'aide précieuse de ma mimi. Je repars 11 ème, mentalement hyper bien et surtout sur un bon rythme. Tout en gardant dans un coin de ma tête le fait qu'il reste encore un long chemin. Je ne vous cache pas que l'idée d'un top 10 devient une obsession et pour le coup réalisable...
A partir de là, je pensais que le plus dur était effectué mais ce ne fût pas le cas. La montée vers le puit à glace était très raide et longue, je la gère assez bien, si bien que je pointe à la 8 ème place au km 112. Les 20 kms suivant pour rejoindre la dernière base de vie du Perthus sont assez roulants donc je suis en permanence en train de relancer le rythme car maintenant je doit et je veux garder ma place. Sur cette portion la chaleur se fait assez pesante car plus on s'approche de la mer plus c'est aride et moins il y a d'ombre mais mon évolution reste correcte.



Peu avant la base de vie, un coureur me rattrape et je décide de m'accrocher pour arriver ensemble à la base de vie (d'ailleurs il finira 4ème). Erreur de ma part, car tête dans le guidon sur une piste large descendante, nous ne voyons pas une bifurcation qui nous fait perdre une trentaine de minutes et rajoute au compteur quelques kms. Je m'agace, je suis énervé de cette erreur par manque de lucidité et je perds de l'énergie pour rien.
Le Perthus km 132 et 25h10' de course, nous arrivons à 5 assez groupé. Je suis à la fois désorienté, speed et toujours énervé. Heureusement mimi est là pour me recentrer et pour me rappeler que ce que je suis en train d'accomplir est super. Je repars donc 20' après avec la ferme intention de finir mais ça j'en doutais pas mais aussi de conserver cette place tant convoitée.



Il reste tout de même une quarantaine de kms... Une longue portion montante est au programme avec son lot de partie bien raide mais aussi des parties roulantes qui m'oblige à toujours rester en prise quand on veut conserver sa 8 ème place. J'arrive au dernier sommet de cette aventure, le pic Néoulous où je profite une dernière fois de cette vue panoramique sur le littoral catalan, une des récompenses de ce fameux parcours.
La nuit refait son apparition avec également un brouillard épais qui complique l'évolution surtout que le balisage à cet endroit laisse à désirer jusqu'à atteindre une descente dite délicate par l'organisation. En effet, gros single pierreux et très très pentus où je laisse pas mal de jus à ce moment là de la course. J'aperçois très tôt le dernier ravito mais c'est interminable.
La Vall km 155 et 30h40 de course, mon assistante est là, je m'assoie, je suis sec, je ne peux pas m'alimenter mais je repars assez vite. Il reste une dernière ascension de 300m de D+ que je négocie avec difficultés mais en haut la délivrance est là. Argelès tout éclairé n'est pas loin, ce n'est pas les 12 kms qui restent qui font peur. Pas forcément serein à cause des écarts avec l'arrière, je me force à courir,à relancer encore et encore, je me motive mais je n'arrête pas de me retourner.



Enfin le port d'Argelès, la mer et dans la pénombre ma mimi venue à ma rencontre pour finir les deux derniers kms. Les émotions sont vives pour tous les deux et nous décidons de finir ensemble parfois en marchant mais aussi en courant...
On discute et je réalise ce que j'ai accompli non plutôt ce que nous avons accompli tous les deux pour rendre cette course quasi parfaite.



L'arche d'arrivée, c'est énorme 32h41' de course et une 8 ème place au scratch. Je suis submergé d'émotion, je profite de ce moment que j'attendais depuis un bon bout de temps. C'est l'accomplissement de plusieurs mois de préparation, parfois de privation, de tensions, d'incertitudes mais la récompenses est là pour moi et ma mimi.

Bien sec quand même !!!

BILAN : Coté organisation:
                              - cet ultra a été sous estimé en terme de difficulté, avec des barrières horaires pas adaptées avec seulement 86 coureurs qui ont effectués le parcours dans sa totalité.
                              - une erreur de balisage par l'organisation qui augmente de 10 km la distance initiale, ce qui fait un ultra d'environ 177 km et presque 8500 D+ .
                              - un balisage parfois délicat surtout avec la présence de brouillard.
                              - un parcours vraiment magnifique comme annoncé par l'organisation.  
                              - des bénévoles au top qui sont toujours aussi importants sur ce type d'épreuve.
                              - une organisation qui apparemment a été à l'écoute des coureurs mais aussi de leurs bénévoles, qui dès le lendemain de la course a réagit sur son site ( à lire ici ).
                              - cet ultra en ligne, j'en suis sûr fera parti des plus beau parcours ...

BILAN perso: plutôt très positif et encourageant
                              - le seul bémol a été mon agacement suite à mon erreur de parcours qui me fait sortir mentalement de la course mais heureusement je suis remis dans le droit chemin par ma femme !!!
                              - de très bonnes sensations quasiment tout le long du parcours avec un pic de forme entre le 65 ème km et le 130 ème kms.
                              - pratiquement toutes les portions roulantes courues.
                              - une immense satisfaction d'avoir enfin confirmé sur ultra.
                              - une 8 ème place et 4 ème sénior qui est la cerise sur le gâteau.

Je remercie toutes les personnes qui me soutiennent, familles, amis, connaissances, sponsors (notamment Endurance Shop Bordeaux et Ferei) ...

Pour conclure, ma plus grande reconnaissance va à mon assistante du jour, ma petite femme qui était là au bord du sentier et sur les ravitos avec n'importe quelle météo. Elle a accomplit un travail remarquable et c'était réglé comme du papier à musique. Un confort énorme qui a contribué à ma réussite. MERCI, MERCI ...              

1 commentaire:

  1. Et ben dis donc ... Bravo, je vais le faire dans 1 semaine, je peine à trouver des récits de finishers ... Mais les rares sont des avions comme toi, moi je flirte plutôt avec les barrières, ce qui ne me rassure pas quand je vois la difficulté que ça a l'air ...
    Je vois que tu gères bien le stress, car arriver à 11h55 pour midi pour récupérer les dossards, et finir dans le top 10. Je suis impressionné !!
    Bravo encore!

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